mercredi 19 avril 2006

Les Raynaud de Raynaud

Les Raynaud de Raynaud
Au Mamac à Nice
Du 25 mars au 10 septembre 2006



Alors dans artpress, ils disaient que ce n’était pas une rétrospective, non, parce Raynaud ne serait apparemment pas à l’heure du bilan. Je m’attendais encore une fois à une présentation atypique, je l’espèrais plutôt (mais est-ce que j’en demande trop ?) puisque n’y sont présentées que les œuvres appartenant à Raynaud. Mais non, rien dans la scénographie, dans la communication de l’expo ne nous renseigne là-dessus. Le titre, les Raynaud de Raynaud c’est bien joli mais ça fait très « coup de pub » parce que moi je n’y ai vu qu’une rétrospective. Mais bon « rétrospective », ça lui file un coup de vieux à Raynaud. Donc voilà, première déception.

De Raynaud, je connaissais les pots ( sur le parvis de Beaubourg et devant la Fondation Cartier), les carreaux (sa maison entièrement carrelée qu’il a détruite après l’avoir habitée et en a vendu les morceaux), j’ai découvert les panneaux de signalisations et les drapeaux. Pots, carreaux, panneaux de signalisations, drapeaux, Raynaud travaille avec des objets/signes qu’il élève au rang d’objets d’art.

J’aime toujours les pots, surtout maintenant que je sais qu’il a son diplôme d’horticulteur. Ils sont grands (ceux que je connais) et majestueux, ils trônent à l’entrée de mes musées préférés. Le pot a quelque chose de simple, d’universel presque, il n’est pas prétentieux même quand il est doré ou rose fluo. J’aime le pot.

Les carreaux, ça me plaît aussi, ça me plaît comme expérience vécue. Et ce grand mur que forment tous les cartons censés contenir les restes de la maison, il est impressionnant.

Les panneaux de signalisations, surtout des sens interdits, ça me plaît aussi. Surtout ce grand mur composé de sens interdits et de cette photo de Philippe Charbonnier d’un fou dans la paille d’un asile psychiatrique. Le format est si large, le rapport de proportion entre la photo étroite et les sens interdits qui se déploient dans la largeur. Le discours sur l’enfermement. Et le rapport chromatique entre la photo noir et blanc et cette agressivité rouge du sens interdit. Oui, va pour les panneaux de signalisations.

Je n’aime pas les drapeaux. Oui, vous le sentiez venir. L’engagement ne me parle pas. Prendre un drapeau existant, le tendre sur un châssis, c’est une œuvre d’art ? Avec une variante style happening : se faire prendre en photo avec ledit drapeau dans un lieu officiel surveillé. Alors il y a référence à Jasper Johns, à Duchamp, ils ont bon dos les ready-mades. Et ce meeting, j’apprends que Raynaud a tenu campagne en 2002, d’ailleurs si quelqu’un a assisté à un de ses meetings, j’aimerai avoir un témoignage. Tout ça au nom de l’art. Mais pourtant l’art sait être politique sans perdre de sa magie.
Il ne faut pas tout confondre, ce serait au détriment de l’art et de la politique.
Le drapeau de la Lybie (vert) tendu sur un châssis devient un hommage à Klein parce que le drapeau est un monochrome.
J’ai eu beau lire toutes les interviews qui nous étaient proposées, je n’adhère pas. Pierre Restany décédé en 2003 a une tombe « Raynaud » bleu blanc rouge. Oui mais quand même j’ai du mal.

6 commentaires:

claire a dit…

Pour ceux qui voudraient approfondir le débat sur Raynaud et ses drapeaux, j'ai trouvé un article sur le blog de pierre assouline, lisez également les commentaires en bas de page pour les différentes positions. Pour ma part, je dirais qu'on ne peut pas tout faire au nom de l'art conceptuel et que l'argument "non, mais tu comprends pas, c'est de l'art conceptuel" n'est pas très convaincant. Je me suis rendue compte en fait que j'aurais eu plus de facilité à accepter ce travail sur les drapeaux si Raynaud l'avait théorisé un peu plus lui-même. Disons que je l'aurais plus respecté, la démarche serait venue de cette théorie personnelle et non de la simpla continuation de sa pratique qui est de créer des "objets raynaud", parce que selon moi, ce projet avec les drapeaux est en marge du reste des objets raynaud, on ne peut pas l'accepter aussi facilement.
Apparemment la nouveau beaux-arts aurait un pot bleu blanc rouge en couverture, alors c'est p-ê une affaire à suivre ...

Anonyme a dit…

Je découvre ce billet chez Assouline, alors que j'allais en effet te parler du projet de drapeaux nazis invisibles à la base sous-marinière de Bordeaux. Je te conseille de lire le petit livre dont parle Assouline (s'il est introuvable, je te le prêterai), : un drapeau aussi chargé de symbole et d'histoire que la croix gammée ne peut être montré, donc cachons le derrière la porte hermétique d'un bunker : le spectateur (?) visiteur saura, mais ne verra pas. Est-ce trop "conceptuel" ? Je ne crois pas, la démarche de l'artiste révélateur mais respectant l'interdit, se justifie fort bien, je trouve.

claire a dit…

Ce projet de drapeau nazi caché de la vue du public est également présenté dans les vitrines de l'exposition à Nice en ce moment. Je l'ai d'ailleurs trouvé plus intéressant que les autres, ça me plaît beaucoup plus, il m'interpelle.
La raison pour laquelle je n'en ai pas parlé dans mon billet est simple: je m'efforce de faire des billets plus courts et je veux qu'ils soient le plus spontannés possible, ils sont donc moins dans la nuance que j'acquiers avec plus de recul, le premier élan passé. J'ai été deçue des drapeaux parce que la démarche se résume souvent à n'en faire que des objets raynaud alors que dans ce projet à Bordeaux, il y a oeuvre à mon sens. De plus, c'est une rencontre qui est chargé de sens. Voilà, il y a du sens au-delà de la démarche.
Dans l'expo, il est présenté au milieu de tout son projet sur les drapeaux, c'est ce projet-là qui m'a donné envie de mieux comprendre, d'être peut-être moins catégorique ou d'essayer de comprendre pourquoi j'étais si catégorique. J'étais à l'expo avec une amie et nous avons eu la même réflexion. J'avais découvert quelque chose dans ces drapeaux qui me plaisait et j'ai essayé de m'y accrocher pour mieux approfondir la démarche de Raynaud.
Mais non, enfin, je vais chercher encore, j'attends de lire le prochain beaux-arts aussi si mon facteur veut bien me l'apporter demain. Mais pour l'instant ce projet avec le drapeau nazi reste pour moi en marge de tout son travail sur les drapeaux.
Il est beaucoup plus intéressant que de poser avec fidel castro et le drapeau cubain, il y a une démarche, la réflexion va au-delà de la simple constatation : drapeau, emblème social même totemique,eh oui, j'ai relu Durkheim. J'y ai même pensé dès que j'ai vu les drapeaux.
Je ne suis pas contre l'art conceptuel, au contraire, je suis contre l'utilisation de l'argument "conceptuel" de l'oeuvre. Tout ce que j'ai vu jusqu'à présent n'arrive pas à me faire digérer cet hommage à Klein fait par le biais du drapeau vert de la Lybie tendu sur un châssis. Je ne comprends pas en quoi c'est conceptuel, quel engagement y'a-t-il en comparaison à ce projet de Bordeaux?
Bref, je n'aime pas tout raynaud, mais je ne déteste pas tout non plus. Je ne vais pas me forcer mais je vais plutôt essayer d'affiner mon jugement. Je vous remercie de votre remarque.
à bientôt

Anonyme a dit…
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claire a dit…

Ils en deviennent comme des reliques, sacrés.
Est-ce que ça change vraiment quelque chose qu'ils soient authentiques ou pas? A part froisser votre hôte! Est-ce qu'on ne peut pas penser que vérifier leur authenticité serait comme d'ouvrir une boîte de merde d'artiste de manzoni?

Anonyme a dit…

merci pour intiresny Dieu