Valérie Mréjen
Editions Allia
Histoire d’une petite addiction.
Il y a ces livres qui ne sont que des objets, qu’on ne lit que pour mieux posséder l’objet en question. La lecture prolonge l’acte d’achat.
La lecture se fait dans le lieu et le temps présents, le design de couverture est si fort qu’il devient opaque et ne permet pas d’aller au-delà de l’objet-livre, de s'engouffrer dans l'histoire. L’histoire n’est pas un au-delà spatio-temporel, c’est une justification de l’objet-livre.
J’ai lu un livre à la couverture fluo. Rose ou orange, je ne sais pas vraiment, elle était surtout fluo. Avec pour titre l’agrume, j’ai même cru un moment qu’il reniflait l’orange mais en fait, non, il sentait juste le livre.
Ces petits livres dont le profil est si ridiculement maigre, ces livres qui n’auront aucun intérêt à venir s'écraser dans la bibliothèque, ces petits livres que je voudrais répartir sur un panneau, comme ça jetés au hasard mais quand même de face.
Ces petits livres si courts qu’on n'a pas le temps d’oublier cette couleur fluo de la couverture. Refermer le livre et se dire « l’agrume », agrume avec sa matière de mot si particulière. Agrume qui intègre alors cette petite liste de mots préférés...