lundi 10 avril 2006

Notre Histoire




Notre Histoire
Au Palais de Tokyo
Du 21 janvier au 7 mai 2006





C’est toujours agréable d’aller au Palais de Tokyo. On respire dans ce grand espace. On dirait un gigantesque terrain de jeux. On est plus à l’aise, on erre d’une œuvre à l’autre, on se laisse porter, attirer, happer par les œuvres, les installations.

Et quel bonheur cette expo Notre Histoire ! On peut dire que les deux commissaires Jérôme Sans et Nicolas Bourriaud ont voulu marqué le coup pour leur dernière expo au Palais de Tokyo. C’est la « scène artistique française émergente » qui est présentée. Les artistes ne sont pas tous au même degré de notoriété mais qu’importe, on ressent cette forte émulation, un débordement de créativité.

Un petit bémol tout de même. Le discours qui accompagne l’œuvre est souvent trop lourd, trop chargé . Il faudrait trouver un équilibre avec l’œuvre elle-même.
Je pense notamment à l’œuvre de Wand Du, Luxe populaire, c’est une installation dans laquelle des « montagnes de journaux froissés viennent submerger le spectateur, exacerbant ainsi le côté monstrueux de ce carnaval de l’info » (extrait du petit journal de l’expo).

Fort bien, fort bien, je ne dis pas que Wang Du va trop loin dans son engagement ou dans son discours , je ne suis pas au ras de pâquerettes non plus. Mais le côté sensationnel de l’installation n’est à mon sens pas assez mis en avant.
C’est une installation, elle parle d’espace. On ne parle pas assez de la matérialité de l’œuvre. Est-ce qu’elle n’est pas assumée ? Ce serait dommage, j’ai traversé la pièce en marchant sur ces tas de journaux, quelle drôle de sensation .
Cette sensation est support du discours mais elle n’est pas assez mise en avant dans les cartels. Il y a du coup un déséquilibre entre les cartels très « oui, alors son engagement le plus profond » et l’œuvre qui est du kiffe total !

C’est la même chose pour Habibi, le grand squelette d’Adel Abdessemed. C’est purement grandiose. Vous êtes au Palais de Tokyo et un squelette humain long de 17m est suspendu horizontalement. Alors là, on nous ressort un discours sur l’identité. Ce que je reproche aux cartels c’est de ne pas faire le lien entre la sensation éprouvée et le discours, ils minimisent du coup cette sensation.

Je râle, je râle, je n’aurai pas du les lire ces cartels, parce que le discours en question est souvent très lisible (du moins dans le cadre de l’expo Notre Histoire, ne généralisons pas sur tout l’art contemporain). On peut aussi dire que les cartels et la sensation de l’œuvre sont complémentaires.

Un deuxième petit bémol que je me permets parce que l’expo est géniale, alors il faut bien lui chercher un peu des poux. C’est ce truc qu’ont les « jeunes » artistes à se faire référence à eux-mêmes. Il y a sûrement d’autres moyens d’approfondir son travail que de faire référence à ses propres travaux précédents. Oui, en référence à son travail présenté en 2002 à la galerie machinchose à pétaouchnok, il poursuit ses recherches engagées sur le thème …blablabla.
Oui, mais qui a vu cette expo ? Ne devrait-il pas y avoir un seuil minimum de visiteurs à une expo pour qu’on puisse y faire référence ultérieurement ?
Enfin, moi je dis ça, ça m’agace mais je vais quand même me renseigner après, ça a le mérite d’éveiller ma curiosité. J’avais ainsi pu approfondir Lyrics de Saâdane Afif au Palais de Tokyo en allant faire un tour du côté de la galerie Michel Rein, et là, j’avais compris, enfin, un peu mieux…

Allez au Palais de Tokyo, courez-y.

J’ai aimé Virginie Barré et son fat bat, j’ai encore bavé devant les pastèques en bronzes d’Olivier Babin, j’ai sautillé sur la roue lost world de Saâdane Afif, j’ai rêvé, allongée sur l’installation chemtraum de Nicolas Moulin, j’ai respiré dans la smoking room de Leandro Erlich, j’ai voulu dessiner devant le mur de Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau, j’ai ri devant le duane hansonien Mathieu Laurette…

Et vous ?

1 commentaire:

claire a dit…

oula, comme vous y allez...
et deux fois en plus! Mais c'est bien, il faut l'ouvrir!
Pour ma part, je ne serai pas aussi catégorique. C'est vrai que je n'ai pas été emballée par boris achour même à la galerie Vallois, mais y'a un truc qui fait qu'on n'y reste pas indifférent.
En matière d'art contemporain, je suis rarement très critique pcq pour moi, du moment que l'art alimente le débat, ça m'enrichit. Je me positionne moi, ensuite dans mon éventuelle pratique par rapport aux chemins entrepris par les artistes que j'ai rencontrés.
Donc, dans ce sens-là tout ou presque est bon à prendre, après j'en fais ce que je veux.
à bientôt