dimanche 17 juin 2007

Jean Tinguely, Autoportrait, 1988

Autoportrait 1988
Jean Tinguely
au Centre Pompidou

Tinguely, Tinguely, Tinguely…
Doit-on vraiment prononcer de i , Tineguely, où est-ce que c’est poussé par les oeuvres à la mécanique poétique que l’on chante son patronyme, qu’on le fait justement tinter?
Tinguely en écho aux cliquetis de ses machines. Un nom comme une onomatopée, une chatouille, un guili.

Les visiteurs arrivent par flot régulier dans la salle qui héberge son autoportrait au Centre Pompidou. C’est la curiosité qui les anime. Le son grinçant de cette machine rouillée.
Comme un épouvantail, Tinguely se représente en vieillard au nez crochu, un angle empaillé sur l’épaule. L’œuvre date de 1988, 3 ans avant sa mort. De longues chaînes rouillées relient notre vieillard (sus)pendu au plafond à une grande roue qui cache sous elle un petit moteur. C’est ce dernier qui actionne l’œuvre toutes les 5 minutes environ, il entraîne la roue dans une rotation lente qui tire les chaînes, sorte de bras de l’épouvantail, chacune à leur tour, faisant ainsi danser le vieillard.

Les bruits ainsi que les ombres contribuent à la théâtralisation de l’œuvre qui ne prend son sens qu’en mouvement. Entraîné par les chaînes, l’autoportrait de Tinguely se tourne de chaque côté. Il se débat presque si bien qu’on ne sait plus tellement si c’est lui qui fait marcher la machine ou si c’est elle qui l’anime.


Les quelques mètres qui séparent le vieillard de la roue sont un chemin matérialisé par les chaînes. Le vide créé entre les deux éléments donne une dimension tragique aux liens que sont les chaînes.

Tinguely a passé toute sa vie à bricoler des machines, animé par le mouvement. Lui qui aimait tirer les ficelles se représente à la fin de sa vie en marionnette.

photos personnelles