mardi 21 avril 2009

Architecture de glace


Hôtels de glace et autres bars glacés pullulent. Un nouveau concept qui s'étend dans toutes les grandes villes. Une nouvelle offre. On vous vend une nouvelle expérience. Brrrr, il va faire froid, dès l'entrée, on vous prépare et vous revêtez une superbe combinaison de ski pour aller boire votre verre de vodka dans un verre, ouah, de glace!!! 
Grandiose.
Seulement voilà, au Québec, contrée qui connaît les -40, l'hôtel de glace, c'est une autre affaire. Pour la nuit ou seulement quelques heures, le visiteur ne vient pas seulement vivre une enrichissante à 12 dollars le mini-cocktail ou 300 dollars la nuit, non, il vient aussi se confronter aux éléments. comprendre la chaleur, le froid, vivre conditions extrêmes, épreuve.
Au-delà du charme polaire, du froid blanc de la neige, de la transparence et des jeux de lumière de la glace, le icehotel est conçu comme une expérience architecturale. La neige et la glace sont utilisées comme des matériaux de construction. Toutes ces nuances de blanc sont issus de deux modes de production : la neige compactée et moulée constitue l'enveloppe archée de l'hôtel tandis que la glace (composée à partir d'eau filtrée, ensuite moulée dans des blocs compacts comme de gros glaçons) vient par ses colonnes renforcer la structure.

Si les résultats peuvent être intéressants tant du point de vue structurels que créatifs, il n'en reste pas moins que l'hôtel de glace est une attraction touristique et qu'en tant que telle, elle doit vendre un produit plus accessible (en témoignent les magnifiques effets de flocons sur leur site) qu'expérimental.

étapes de construction

concours lancé aux écoles d'architecture et de design québécoises : concevoir une chambre
 


Depuis 2000, le Snow Show, lui, investit au mieux les possibilités expérimentales de l'architecture de glace. Dirigées par un thème différent à chaque édition, les équipes composées d'un architecte et d'un artiste sont invités à construire un espace. Harvested ice, experimental process, castle-ice, compacted snow... les thèmes amènent les équipes à expérimenter ce matériau-élément éphémère de multiples façons. Outre ses capacités structurelles, ses qualités esthétiques (les blocs de glace découpés dans un lac gelé n'auront pas la même couleur suivant leur profondeur), mais aussi olfactives (la glace a une odeur particulière liée à l'environnement duquel elle est extraite) deviennent des enjeux dans la conception architecturale. Quels que soient les interventions (coloration, taille, découpe, fusion...) des artistes/architectes, la glace n'est pas cet élément neutre transparent, elle réagit dans sa matière, ses aspérités. Le processus de construction tout comme la fonte de l'oeuvre réalisée font partie de l'événement.


Penal Colony, Yoko Ono & Arata Isozaki

Frozen Voids, Ernesto Neto & Ocean North

Skypool, Kiki Smith & Lebbeus Woods


Katzenauge/Catseye, Lothar Hempel & Studio Granda

Iced Time Tunnel, Tatsuo Miyajima & Tadao Ando


Red Solid, Anish Kapoor & Future Systems


Dans le kitsch et la démesure, vous pouvez également aller voir le festival de glace d'Harbin :


lundi 20 avril 2009

Olafur Eliasson

Olafur Eliasson travaille la perception dans les espaces qu'il imagine. Dans la vidéo qui suit, il revient sur le titre de l'exposition présentée au printemps dernier au MoMA. Le temps devient une donnée essentielle dans l'expérience vécue par le visiteur à travers et dans l'oeuvre, celle-ci n'existant que dans l'interaction avec l'individu.





Your waste of time, 2006





Remagine, 2002






double sunset, 1999


expectations, 1992

Pecha Kucha pecha kucha pecha kucha

Pecha kucha pecha kucha pecha kucha...

un murmure, un bruit de fond... Dans ces soirées, le spectateur est invité à échanger avec son voisin pendant une présentation, pour que règne un murmure bourdonnant.
20 images pour 6min40s, concision?
Finalement peu importe le discours, peu importe si les notes sont ordonnées et peu importe si on improvise, à Pecha Kucha souvent, les images parlent d'elles-mêmes. Le spectateur pioche et retient ce qui lui plaît... Les interventions sont inégales mais s'enchaînent sans hiérarchie aucune.

Du dernier Pecha Kucha montréalais, je veux retenir :

- La symphonie pour imprimantes de The User qui m'a vaguement rappelé l'installation mécanique de Malachi Farrell présentée au Centre Pompidou en 2005.

Le site de The User étant peu mis à jour, je n'ai pas trouvé leurs belles vidéos ni leurs autres projets qui étaient tout aussi intéressants. Voici donc pour lot de consolation une vidéo de l'atelier de couture clandestin de Malachi Farrell :




- Les aventures dans la ville de Montréal du collectif Péristyle Nomade.



lundi 13 avril 2009

Tadao Ando




Cette publication est le fruit de sept entretiens entre Michael Auping, commissaire du  Musée d'Art Moderne de Fort Worth (Texas), et Tadao Ando, architecte Japonais. Étalés sur 4 ans, les entretiens accompagnent la construction du musée et invite Tadao Ando à définir quelques concepts clés de son architecture.




Sur le centre : 

"L'idée d'un centre est très intéressante : c'est un concept plutôt occidental. Lors de son voyage au Japon, Roland Barthes a dit que c'était un pays qui ne semblait pas avoir de centre ; doté d'une grande profondeur, mais dépourvu de centre. Je crois que je porte en moi cet aspect du Japon. Pour moi, le centre d'un édifice est toujours la personne qui s'y trouve, celle qui expérimente l'espace depuis l'intérieur d'elle-même. Le défi de concevoir un espace suffisamment généreux pour permettre à chacun de devenir le centre."



Sur la lumière et l'obscurité :

"Si vous voyez la lumière, c'est grâce à l'obscurité. Dans ma maison d'Osaka, on entrait par un espace sombre et, à mesure qu'on avançait, plusieurs ouvertures, bien que restreintes, permettaient l'entrée de la lumière. Grâce à l'obscurité on sentait la forte présence de la lumière. [...] En général, il fait relativement sombre à l'intérieur d'une maison japonaise traditionnelle, Eh bien, quand vous êtes assis dans une pièce sombre et que vous regardez un jardin éclairé par la lumière naturelle, vous pouvez commencer à sentir la relation fondamentale qui lie la lumière et l'obscurité, et la raison pour laquelle elles ont besoin l'une de l'autre pour s'exprimer. Je l'ai senti dans la maison de mon enfance. J'aime que les gens parlent de la lumière dans mes édifices, mais je pense qu'il est tout aussi important de prêter attention aux ombres. Elles jouent un rôle très important. L'ombre et l'obscurité contribuent à la sérénité et au calme. Je pense que l'obscurité offre la possibilité de réfléchir et de contempler.
[...]


Les zones d'obscurité sont fondamentales, et je pense même, pour employer une image, que ces zones communiquent avec des strates de création plus ou moins profondes. Il me semble que les philosophes, les poètes, et tous ceux qui passent une grande partie de leur vie en train de réfléchir à des choses essentielles ont, dans l'endroit le plus reculé de leur paysage mental, ce que j'appellerais une cicatrice. C'est quelque chose de profond en eux, ou dans leur passé qui les amène à penser la vie d'une façon différente. Cette cicatrice leur donne envie de se battre et la force de l'exprimer. Je pense à l'architecte Daniel Libeskind, par exemple. Il est juif et je crois qu'il vit avec la cicatrice d'être juif, la cicatrice de l'histoire difficile des Juifs. Tel me paraît être l'imaginaire qui guide sa créativité. Et ses édifices contiennent justement d'importantes zones d'obscurité."Gras



Sur le mur :

"Quand les murs commencent à émerger du sol, ils ont une présence très forte. Ils proviennent de la terre et semblent pousser à partir d'elle. [...] Ils annoncent l'espace de l'édifice. Et quand on assiste au moment où les murs émergent du sol, comme vous l'avez fait, cela laisse en nous une impression très forte. Et c'est encore plus saisissant quand le mur n'a aucune ouverture. C'est comme une affirmation monolithique.
[...]
Un mur est un objet qui interroge. Quand vous regardez un mur, il y a un espace devant et derrière lui. Un mur lie deux espaces. Il peut interroger cette relation ou vous faire réfléchir sur cette relation. On peut toujours poser la question de savoir, par exemple, ce qu'il y a derrière un mur. Un mur devrait encourager les gens à penser. 
[...] 
Si vous regardez un mur devant vous, vous pouvez le percevoir comme un objet. Si vous regardez le mur de côté, vous comprenez qu'il sépare l'espace. Si ensuite il se raccorde à un autre mur, vous commencerez à le voir comme un conteneur d'espace. Alors le mur fonctionne comme un abri, comme une protection, véhicule un sentiment de sécurité concernant les éléments. C'est la fonction la plus primitive d'un mur, et c'est un des aspects les plus importants en architecture. Créer des espaces qui inspirent un sentiment de bien-être est le principal but de la construction d'un mur. Définir ses caractéristiques physiques est un défi. Un mur doit revendiquer sa présence en termes de forme et de matérialité, et vous faire sentir qu'il a son propre pouvoir et sa propre présence, sans pour autant s'imposer par la force ni vous intimider, mais plutôt en inspirant la confiance."




Sur la monumentalité :

"Quand vous visitez à Rondchamp l'église de Le Corbusier, vous ne pouvez pas dire que c'est un édifice grand, mais vous pouvez dire qu'il a des caractéristiques monumentales. Son emplacement dans le paysage et la façon dont on l'approche, favorise une sensation d'anticipation. Ce n'est pas par sa taille, mais la façon dont il se dresse dans le paysage à mesure qu'on l'approche qui nous donne la sensation d'être arrivé dans un endroit important. Le contexte et l'approche sont très importants. La même chose est vraie dans un intérieur. À Rondchamp, l'impression de grandeur de l'espace est véhiculée par la façon dont les plafonds se haussent aux bons endroits et à la bonne hauteur. On peut parler là d'éléments monumentaux."

lundi 6 avril 2009

Human carriage


Prendre l'ascenseur, monter au dernier niveau puis descendre le long de la rampe. La visite de l'exposition devait être vécue comme une expérience en soi, et l'exposition pensée comme un discours fluide. Pas de perte du visiteur dans les méandres des salles du musée, pas de découpage strict des sections de l'expo...
Intégré dans un réseau muséal, le Guggenheim rend malheureusement trop peu hommage à sa spirale et ses expositions, pour la plupart itinérantes, sont rarement spécifiques à l'architecture-même du musée. 
Mais... Quand après avoir fait la queue bien en rang jusque sur la 88ème rue (Oui, le vendredi soir le Guggenheim est gratuit), nous entrons dans le forum, la rampe est maintenant soulignée par une main courante en aluminium. Dans ce grand hall, une installation de voiles de tissus et de feuillets de papiers entassés s'adosse à la rampe naissante. C'est une partie de l'oeuvre d'Ann Hamilton, Human Carriage et ô bonheur, cette dame en noir qui farfouille dans les papiers entassés, c'est elle,oui, Ann Hamilton. 

Pour une explication plus détaillée de son installation je vous renvoie à la vidéo du Guggenheim où entre deux discours de la commissaire de l'expo The Third Mind présentée en ce moment, Ann Hamilton explique la transmission des textes et leur accumulation en nous.
Ce que je veux retenir ici, c'est la légèreté de cet oiseau hybride qui descend le long de la rampe, tinte lorsqu'il heurte ces obstacles pour finalement arriver au bas de l'installation et détacher les quelques feuillets qui viennent gonfler le tas dans le hall du musée. L'heure de passage n'est pas déterminée, les visiteurs voient l'artiste (ou son assistante) préparer chacune des "représentations" : préparer les feuillets, faire remonter l'oiseau via un système de poulies. Les coulisses sont au centre de l'espace. Et lorsqu'il se lance, l'oiseau attire tous les visiteurs qui se penchent à la rampe. Tous les spectateurs suivent son chemin et souvent applaudissent lorsque tombent les feuillets. La spirale de Monsieur Wright devient théâtre et tous les spectateurs participent ainsi à chaque représentation.  

jeudi 2 avril 2009

Et tombe la nuit (blanche)



On l'appréhendait cet hiver au Canada... Des températures extrêmes, on nous avait dit que nos lobes d'oreilles gèleraient et qu'il valait mieux qu'on s'équipe chaudement. Devenir esquimau. 
Ça s'annonçait magique toute cette neige, ce manteau blanc qui recouvrirait la ville et on vivrait comme dans une chanson de noël, comme ça pendant 4 mois. 
C'est avec des petits flocons dans la tête qu'on s'est imaginée cette installation pour la Nuit Blanche à Montréal. En initiant le projet en septembre, on y a projeté toute la féérie qu'on avait de hâte de vivre à -40. 
La cage d'escalier du Pavillon Design s'est transformée en sablier géant. Les flocons sont devenus des feuilles de papier, puis des origamis, des oreillers... Et le blanc a pris diverses formes pour imaginer des paysages, des danses, des histoires. 






Silent white





Tokujin Yoshioka

Retour vers le futur

2009. Pendant presque deux ans, ce blog a été laissé à l'abandon. Avec de temps en temps, un petit rappel à l'ordre, un commentaire, une suggestion...
Des vacances de blog pendant lesquelles je me suis essayée à la rédaction plus rigoureuse dans un magazine franchement pas mal, j'ai développé des projets, j'ai poursuivi mes études, j'ai joué à l'hôtesse de l'air, j'ai traversé l'atlantique... Et me revient maintenant, très égoïstement certes, l'envie de revenir au blog, mais différemment. Vous ne trouverez plus ici les commentaires d'expos, des commentaires sur mes lectures, enfin après tout si pourquoi pas, mais surtout l'envie d'y partager mes inspirations et d'y faire état de mes projets. Oui parce qu'en vrai, je ne fais pas que regarder, commenter, en vrai je suis designer d'événements et c'est assez nouveau.
J'espère bien que ça vous plaira...

Topologies, Ann Wilson