mardi 14 novembre 2006

L'agrume

L'agrume
Valérie Mréjen
Editions Allia


Histoire d’une petite addiction.

Il y a ces livres qui ne sont que des objets, qu’on ne lit que pour mieux posséder l’objet en question. La lecture prolonge l’acte d’achat.

La lecture se fait dans le lieu et le temps présents, le design de couverture est si fort qu’il devient opaque et ne permet pas d’aller au-delà de l’objet-livre, de s'engouffrer dans l'histoire. L’histoire n’est pas un au-delà spatio-temporel, c’est une justification de l’objet-livre.
J’ai lu un livre à la couverture fluo. Rose ou orange, je ne sais pas vraiment, elle était surtout fluo. Avec pour titre l’agrume, j’ai même cru un moment qu’il reniflait l’orange mais en fait, non, il sentait juste le livre.
Ces petits livres dont le profil est si ridiculement maigre, ces livres qui n’auront aucun intérêt à venir s'écraser dans la bibliothèque, ces petits livres que je voudrais répartir sur un panneau, comme ça jetés au hasard mais quand même de face.

Ces petits livres si courts qu’on n'a pas le temps d’oublier cette couleur fluo de la couverture. Refermer le livre et se dire « l’agrume », agrume avec sa matière de mot si particulière. Agrume qui intègre alors cette petite liste de mots préférés...

jeudi 2 novembre 2006

La Fabrica



La Fabrica, les yeux ouverts

du 6 octobre au 13 novembre 2006

Au Centre Pompidou


Il est de ces expositions où l’on va de rebondissements en rebondissements. Il est de ces expositions où ce qui est présenté est difficilement définissable. Il est de ces expositions où la visiteuse que je suis s’amuse comme une petite folle.

Welcome to la Fabrica*
*Bienvenue à la Fabrica




Vue du dessus, l’exposition semble être organisée en un joyeux bordel, caractéristique d’une émulsion artistique, d’une énergie créatrice. Vue de l’intérieur, idem. Pourquoi ? Parce que les projets partent dans tous les sens, de la communication visuelle à l’humanitaire en passant par la vidéo, parce que les modes de présentation différent les uns des autres et créent ainsi des rebondissements tant dans la découverte de chaque projet par le visiteur que par la dynamique qui se crée de par leur présentation différente.

La Fabrica reprend le principe de la factory warholienne et accueille en son sein (sorte de petit paradis à Trévise, Italie dont l’architecture a été conçue par Tadao Ando) toutes nationalités, toutes pratiques si elles s’avèrent être intéressantes. A l’initiative d’Olivero Toscani ex-boss de Benetton, il paraît que le Fabrica bat de l’aile, que ce n’est plus ce que c’était. Il paraît. M’en fiche.

Trop peu de visiteurs ose s’aventurer vers le guichet d’audio-guidage nouvelle génération. C’est pourtant dommage. Avec un casque et un écran tactile machin-chose, on se ballade dans l’expo et des vidéos se déclenchent grâce à des capteurs spatiaux en fonction du projet devant lequel on se situe. Oui, c’est moderne. Et ce n’est pas fini, notre parcours est enregistré par lesdits capteurs et ainsi répertorié dans des statistiques auxquelles on a a priori accès. J’ai cherché, je n’ai pas trouvé. Au-delà de l’aspect Big Brother, c’est terriblement amusant. Il ne faut d’ailleurs pas trop chercher de recul ou autre distance critique dans les projets présentés même s’ils dénotent assez souvent d’un certain engagement. On se rappelle les campagnes publicitaires coup de poing de Benetton, la force d’engagement prend finalement le pas sur le regard critique qui en était l’origine.


Et ce qui fait la force de la Fabrica, c’est justement cette énergie. Tous les projets mis bout à bout donnent un éventail des possibilités mais ne recherchent pas le regard critique. C’est un laboratoire d’idées. La Fabrica s’adresse au citoyen lambda. Elle ne vise pas un discours trop intellectuel ou inaccessible.

Les rebondissements permettent de ne pas trop s’appesantir sur chaque projet et d’aller d’émerveillement en émerveillement.

Oui, la Fabrica s’engage pour des causes justes mais vous irez voir l’exposition pour vous amuser.

Et peut-être que comme moi, vous vous rendrez compte en remontant les escaliers, de leur côté rouge bien sûr, que c’était de là que venait cette petite musique. Monter, redescendre puis remonter les escaliers qui se sont transformés en xylophone géant. Et tout ça, sous les yeux de quelques visiteurs qui jettent un dernier coup d’œil au grand terrain de jeux que représente l’expo, « tiens, elle a compris ».

Une fois de plus, il faut bien que je modère mon enthousiasme car je sens bien que la Fabrica est une de ces expositions qui ne plaisent qu’aux étudiants en art et/ou design parce qu’elle met plus en avant l’idée de projet par le foisonnement qu’elle crée que l’idée de réalisation aboutie. La Fabrica ouvre le monde des possibilités.

Il semble que Blogger ne veuille pas modifier cette mise en page et préfère nous laisser ce "la" seul en haut à droite. Mille excuses, je n'arrive pas à lui faire entendre raison.