mercredi 20 mai 2009

Catastrophe

"Un grésillement, un bourdonnement, une agression. La catastrophe c'est cette panique qui s'empare de nous face aux médias. Une angoisse latente et permanente. À travers une forêt de casques munis d'écouteurs et haut-parleurs, le visiteur s'immerge dans cette expérience cacophonique qui révèle son double rôle d'acteur et de victime."

Parce que l'emballement médiatique est plus souvent représenté visuellement, j'ai pensé qu'en tentant de l'exprimer par le son et non par l'image, mon propos serait plus efficace car moins redondant. Dans un objet ambigu, le casque aérien fait de mousse blanche auquel sont rattachés des hauts-parleurs noirs tournés vers l'extérieur, j'ai cristallisé le double rôle du téléspectateur à la fois acteur de la cacophonie orchestrée par les médias mais aussi victime. 

Le but de ce dispositif d'interaction est d'offrir une expérience différente. Le public est trop habitué au discours critique sur les images choquantes et traumatisantes que propagent les médias : il n'est plus critique lui-même et ne fait que ressasser des discours maintes fois entendus. En le confrontant à la pollution sonore arrachée à son contexte, il peut alors prendre conscience de cette accumulation de nouvelles terrifiantes qu'il subit. Aucun discours n'est associé à ce projet, je suis designer et non critique spécialisée sur les médias. Il est seulement question d'amplifier un constat, celui de la pollution sonore, pour créer une expérience singulière qui amènera ou non le visiteur a faire ses propres choix.

Les casques peuvent être adaptés à deux contextes. Dans le cadre d'une exposition en galerie, ils sont suspendus dans une forêt de casques et attendent qu'un visiteur vienne en porter un. Dès lors qu'il s'en saisit, les enregistrements se mettent en route : le premier est intérieur, c'est un son "silencieux" venu des abysses, un son de vide, un bruit blanc. Le deuxième est extérieur, le visiteur qui porte le casque ne peut pas l'entendre puisque les hauts-parleurs émettent vers l'extérieur. L'enregistrement est une accumulation crescendo de nouvelles catastrophiques. Chaque casque possède son propre enregistrement, la cacophonie naissant lorsque plusieurs casques sont portés. 

Le deuxième contexte est celui du flashmob dans lequel une foule d'individus munis des casques envahit un point donné dans la ville créant ainsi un nuage cacophonique.

Le casque porte en lui cette contradiction, il isole tout en devenant source de nuisance. Pour se protéger du bruit, le participant est amené à porter un casque et ainsi participer lui aussi à la cacophonie.



Une forêt de casques exposée le Centre de Design, Montréal




1 commentaire:

Anonyme a dit…

tres interessant, merci