mercredi 3 juin 2009

Les photomontages de Yona Friedman

Cet article est publié en lien avec l'exposition Science versus Fiction à Bétonsalon


Depuis les années 60, l’architecte hongrois Yona Friedman élabore le concept de villes spatiales. Dans la même veine que les expérimentations conceptuelles d’Archigram, ses villes spatiales offrent une structure sur laquelle viennent se raccrocher des cellules d’habitat mobiles. L’infrastructure qui fournit les fluides et sur laquelle se rattachent des voies de circulation devient ainsi la base sédentaire d’un mode de vie nomade. 

Avec son bureau qui ressemble à une étagère où tout s’empile en zones organisées, l’appartement parisien de Friedman reflète son concept de ville spatiale. Si l’organisation de son mode de vie reflète ses concepts architecturaux, les moyens auxquels il a recours pour la conception de ses nouveaux projets en disent encore long sur sa pensée architectuale. 



Entre réalité et fiction, Yona Friedman utilise des photographies sur lesquels il vient redessiner. Ces photographies d’environnements existants sont la base sur laquelle il vient ajouter un possible. Coexistent alors réalité et fiction comme si la réalité engendrait elle-même sa propre fiction. Les photomontages de Friedman deviennent des extensions de la réalité et les projets qu’ils soient par la suite réalisés ou non deviennent des réalités possibles. De là découle nécessairement un autre regard sur l’architecture construite : elle reste une proposition. C’est une interaction plus forte avec le public qui reçoit toujours cette proposition architecturale sans la prendre pour acquise.

Les photomontages de Friedman ne sont donc pas un moyen plus ou moins efficace qu’un autre pour exprimer un projet car ils disent bien plus que cela. S’ils font partie intégrante de sa pratique architecturale, ils sont également inhérents à sa conception-même de l’architecture.


Cette analyse des outils utilisés par les architectes pour concevoir leurs projets a fait l’objet d’une exposition à l’Architekturzentrum de Vienne en 2008. La commissaire Elke Krasny qui avait alors présenté les environnements et méthodes de travail d’une vingtaine d’architectes internationaux parmi lesquels on comptait Alvar Aalto, Diller et Scofidio ou encore Steven Holl est invitée par le Centre de design de Montréal pour continuer ses recherches auprès des architectes canadiens  (Moshe Safdie, Atelier In Situ…). Le fruit de cette enquête ainsi qu’une partie de la précédente exposition seront présentés au printemps prochain à Montréal. 

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