mercredi 24 juin 2009

Le nuage vert de HeHe

Nuage Vert from HeHe on Vimeo.

Le nuage vert de HeHe (Helen Evans et Heiko Hansen) est une installation environnementale qui projette une ombre vert fluo sur un nuage de fumée rejeté par un incinérateur. Avec à une camera thermique reliée à un laser, la projection ne fait pas qu'utiliser la fumée comme support mais elle vient révéler ce nuage. Un projet intéressant parce qu'au-delà de son efficacité visuelle, il engage de nombreuses questions esthétiques, environnementales et politiques. 

Vous retrouverez toute l'histoire du nuage vert ici ou comment le projet a remporté un franc succès lors de sa réalisation lors du festival Ars Electronica en Finlande mais reste encore avorté à la mairie de Saint-Ouen.

Ce qui m'intéresse ici, au-delà de la frivolité de la mairie de Saint-Ouen à accueillir un tel projet (quoique, voyez, j'aime tout de même enfoncer le clou), c'est l'ambiguïté de ce nuage vert. Cette installation désigne la fumée en même temps qu'elle offre un spectacle aux habitants de la ville. Elle ne dénonce pas en soi, il n'y pas de discours arrêté sur l'émission de ces incinérateurs, mais en désignant elle propose au public de se faire sa propre interprétation. Lors de sa présentation à Helsinki, les habitants étaient invités à débrancher leurs appareils électriques, ceci ayant pour conséquence de faire grandir le nuage. Oui, oui, grandir parce qu'il y a plus d'énergie disponible pour que l'incinérateur fonctionne. Lors de cette action, les habitants n'ont donc pas participer à une réduction immédiate de la consommation énergie puisque la leur s'est vue compenser par l'action de l'incinérateur mais ils ont été sensibles à la matérialisation de l'énergie. Celle-ci permet, par la couleur, d'objectiver cette donnée souvent impalpable et à plus long terme de conscientiser la population. 

Matérialiser l'énergie c'est également un des objectifs de la Fondation Edf, on se souvient des prises qui viennent souligner la consommation inutile des appareils en veille mais aussi de l'horloge comparée de consommation imaginée par François Brument. 
Et ce même vert fluo dans l'horloge. Si cette couleur qui, suivant le contexte, est liée à l'écologie (on ne compte plus le nombre de logos écolos qui bourgeonnent à tout va : vert pour l'écologie, fluo pour le marketing) mais aussi à la chimie, à l'artificiel (on se souvient du lapin vert fluo, expérience loufoque d'Edouardo Kac), est tant utilisée dans les discours sur l'environnement, c'est peut-être qu'au-delà de cette ambiguïté de sens, le vert fluo, oxymore coloré, contient à lui tout seul la conscience de l'environnement (vert) et l'action (aussi artificielle et chimique soit-elle) de l'homme (fluo). 



Le nuage vert était présenté dans l'exposition Science Vs Fiction de Bétonsalon.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

« Ce qui m'intéresse ici, au-delà de la frivolité [ou « frilosité » ?] de la mairie de Saint-Ouen ».

Autrement, GRAND merci pour cet excellent blogue dans un rayon (vert ?) qui en manque si tant tellement cruellement !

Karl-Groucho Divan.