dimanche 2 avril 2006

La petite chaise rouge

Le Plateau Fonds Régional d'Art Contemporain
D'Ile-de-France


Lee Show-Chun à l'espace expérimental
Du 16 mars au 16 avril 2006


Je suis allée au Plateau. J’y ai acheté une petite chaise rouge.

J’étais partie pour voir cette expo archi-peinture qui ne m’a pas spécialement enchantée.
C’est à l’espace expérimental que j’ai rencontré cette petite chaise .

Lee Show-Chum est une artiste anthropologue. Taïwanaise, elle vit et travaille à Paris. Elle étudie les conditions de vie des clandestins chinois. Elle présente une vidéo d’une jeune clandestine chinoise à Paris et un diaporama de photos prises pas Monsieur Li également clandestin chinois.
C’est d’ailleurs à Monsieur Li qu’elle a offert une partie de l’espace de l’exposition . Comme il le fait dans la rue, il a étendu sur un drap toutes sortes de choses, des petits livres en chinois, des vêtements, une petite chaise rouge…
Des prix sont posés sur des petits papiers : 1, 3 ou 5 euros. Monsieur Li est assis à côté sur un banc, il écrit. Il a été victime d’un accident corporel alors qu’il était employé au noir sur un chantier, il sollicite de l’aide.

Ce n’est pas très clair, il n’y a pas de cartel, rien, on ne sait pas si Monsieur Li est vraiment Monsieur Li et si les objets sont réellement à vendre .
Je vais me renseigner à l’accueil. Là on me dit que oui, qu’il faut encourager l’échange entre le visiteur et Monsieur Li qui a l’air de s’ennuyer.

Cette petite chaise rouge, le rouge d’une cabine téléphonique anglaise… Je fais signe à Monsieur Li, lui parle en français en anglais, je fais finalement des signes pour me faire comprendre. Il a l’air d’être content. Je prends la petite chaise rouge. A l’accueil aussi la jeune femme qui m’avait renseignée est contente.

Cette petite chaise a illuminé ma journée. Elle trône chez moi . Même après avoir découvert cette petite étiquette ikéa en la retournant, ma joie n’a pas diminué. Elle avait l’air unique.

Elle ne m’a pas forcément donné le sentiment d’avoir fait une bonne action étant donné la modique somme à laquelle elle était vendue. Et ce n’est pas non plus le besoin de posséder une chaise d’enfant rouge qui m’a poussé à l’acheter. Mais dès lors que je me suis renseignée sur Monsieur Li et l’installation, que je me suis renseignée physiquement à l’accueil sans passer par un quelconque cartel, ma visite au Plateau était déjà transformée.

Ce qui m’importe aujourd’hui, ce n’est pas de faire un discours moralisateur sur les conditions de vie des clandestins chinois, je n’en ai pas l’étoffe et je vous renvoie à l’analyse de Lee Show-Chun pour cela.

Ce qui m’importe c’est cette petite chaise et la manière dont elle a changé ma perception de l’expo. Il y a eu contact, échange, je n’ai pas forcément fait œuvre en l’acquérant. Mais dans mon esprit, l’expo s’est démarquée des autres non pas par son concept ni sa scénographie. Ce n’est pas l’expo qui est venue à moi mais plutôt l’inverse. J’ai pu m’approprier un bout de l’expo, en vivre une expérience. De bien grands mots pour une si petite action mais toujours est-il que cette expo n’a pas été qu’un supplément de culture, elle est devenue expérience et souvenir.

Ce qui m’intéresse c’est cet élément déclencheur qui part du visiteur lui-même et qui change sa propre perception de l’expo et qui le pousse à être actif. L’élément déclencheur ici, pour moi, c’était la petite chaise rouge.


11 commentaires:

Anonyme a dit…

Petite chaise rouge pour laquelle j'aurai craqué aussi, je t'avoue! C'est vrai que de rendre une expo "inter-active" dans le sens que le spectateur n'est plus subissant mais agissant, en parlant et faisant le premier pas, c'est l'idéal, mais hélas tellement rare... on dirait que les gens n'osent pas.
Bon début de semaine claire.

Anonyme a dit…

Effectivement cette expo au plateau m'a un peu laissé sur ma fin... A part peut-être 2-3 vidéos qui étaient pas mal, pour une fois.
Mais dis moi... Le plateau, James Turrel (que j'ai trouvé vraiment nul, ta photo est bien mieux que l'original !), collection phillips, nous étions aux mêmes endoits au même moment !
Veux-tu échanger un lien avec mon blog ?

claire a dit…

pour info, j'ai enfin trouver une utilisation à ma petite chaise!
Je vais en faire un autel...à quoi je ne sais pas encore mais j'ai déjà acheter de la fourrure moumoute rouge pour le siège...C'est une affaire à suivre.
Je publierai le résultat.

Anonyme a dit…

Elle est bien jolie ta p'tite chaise rouge, fais en bon usage! Un autel?? un prie-dieu? mais lequel?
Mais tu n'y as pas mis les dimensions... bé alors?

Anonyme a dit…

trop bien trop bien.
et ben en voilà un blog qui est à jour et qui publie les articles à temps ;)
à bientot

claire a dit…

enfant-phare :
La petite chaise fait 45 cm de haut dossier compris. Je vais faire un autel kitsch plus qu'un prie-dieu, histoire de m'amuser...
anna-sarah:
merci!
à bientôt ;-)

*fanny* a dit…

Elle est vraiment trop sweet cette petite chaise rouge.

pop corn a dit…

Effectivement, un rapport humain lors d'une exposition, et qui ne tiens pas de l'attitude paradoxalement élitiste de l'esthétique relationelle, c'est pas fréquent et ça fait du bien.

Anonyme a dit…

Si tu en fais un autel, mets des bougies et vénère aussi les mânes de Chen Zhen et son Village sans frontières (vu cet été à Sienne); voir:
http://www.palaisdetokyo.com/chenzhen/
(case H8)
En tout cas, ce semble avoir été une visite plus enrichissante que beaucoup d'autres.

Anonyme a dit…

Tes messages affichent l'heure des Açores (deux heures de moins qu'à Paris) ?

claire a dit…

Merci lunettes rougs pour cette idée, je n'en avais pas connaissance, ce travail de chen zhen est très intéressant. Je me demandais si je n'allais pas me tourner vers un univers plus proche de bollywood, j'essaye de glaner qqs éléments...